S’il y en a bien un qui nous régale depuis le début de la saison c’est bien Magic Pierre Massonneau. Le seul quadra qui vient damer le pions des jeunes et des moins jeunes…sur tous les formats !
– 16e scratch et 2nd master au triathlon L de Lacanau le samedi 6 mai 2023
– 3ieme scratch au triathlon S de Lacanau le dimanche 7 mai 2023 (et 1er master)
– 6e scratch du Frenchman L en 3h58 (Victoire en V1 bien évidemment) le 20 mai 2023
– Victoire au triathlon M de la Vienne à Saint Cyr le 28 mai 2023
– Victoire au triathlon S de Villefagnan le 4 juin 2023
– 5ieme place au Tour’s n man- Triathlon L et victoire en master le 11 juin 2023
Unstoppable Pierre Massonneau qui se paye le luxe d’un saut de cabri à chaque finish line !
Désormais un peu de récup, et place aux SwimRun avec son coéquipier de luxe : Fabien Besançon. Double Champions de France en titre, nul doute qu’ils auront encore envie de bien faire cette saison !
Pour le plaisir de la prose, on vous remet son compte rendu du Triathlon de la Vienne. En plus d’etre un bon coureur, un super papa, un excellent Coach, Pierre a une très belle plume, … et c’est un parfait mari parait-il 😉
“CR (we de Pentecôte) – le 30 mai 2023 par Pierre Massonneau
Après un week-end comme celui-ci, je me dis que si la chance n’existe pas, c’est que le hasard fait bien les choses…
Samedi, nous avons eu le privilège d’être parmi les convives du mariage de Pauline et Steve. Une cérémonie et une fête où les mariés nous ont prouvés que le bonheur, est avant tout un choix ! Tellement heureux pour eux. Et voir Steve avec la banane (les puristes comprendront), ça fait tellement plaisir. Pis c’est l’occasion de revoir Pierre-Yves LE Roux, alias PYF impeccab’ !
Dimanche, c’était le triathlon de la Vienne, celui à côté de la maison, celui sur lequel tout a démarré pour moi, un dimanche de juillet 1998…
Il y a 25 ans, j’allais participer à mon premier triathlon, un « promotion » sur la distance 500 – 20 – 5, au lac de Saint-Cyr. J’avais 15 ans, et pour moi, un passé de nageur moyen, et une 7e place au cross des écoles en CM2:-)…
Après 10 jours d’entraînement, sous la houlette de Jacques Peyre, suite à un voyage en Ecosse avorté, je me présentais :
– en slip de bain (la combinaison était un luxe à l’époque)
– un vélo de prêt (forcément pas à ma taille)
– mon débardeur décathlon dans lequel on pouvait en mettre deux comme moi
– mon short de course à pied, bien trop large pour mes cuisses d’ablettes
– un élastique de caleçon comme porte-dossard (et ouais, système D)
– une bouteille de vittel en guise de bidon
– une pâte d’amande collée au cadre
– mes nike air max plus pour courir, sur lesquelles j’avais placé les boules de galon récupérées sur mon kway pour faire une transition « rapide »:-))))
Voilà, c’était ça le triathlon à la fin des années 90… j’avais adoré cette première expérience, bien que l’inconfort avait été grand. Mais à l’aube de mes 15 ans, je me cherchais un peu et j’avais trouvé un but, je voulais devenir triathlète.
Je me rappelle être resté l’après-midi pour assister au triathlon « Distance Olympique ». Les yeux écarquillés devant le spectacle offert par les Stephan Bignet, Jérôme Sanson, Bruno Panza, Bruno Mercier… Je me rappelle m’être dit que je voulais leur ressembler…
25 années ont passé depuis cette première journée en immersion triathétique au lac de Saint-Cyr.
Comme chaque année depuis 1998 (hormis 2017 et années COVID), je me suis donc rendu au triathlon de la Vienne… Après 4 secondes places et plusieurs médailles de bronze, je pensais avoir laissé passer ma chance pour de bon… Je me présentais donc avec un seul objectif : me faire plaisir à domicile (ou presque) et partager avec ma femme, mes enfants, mes proches, venus me supporter.
La journée est belle, et chaude… Ça sent l’été, les spectateurs mangent des glaces, des odeurs de barbecue émanent de partout, et la plage de Saint-Cyr est bondée.
Arrivé au parc, c’est un peu le Bronx et personne ne sait de quel côté il doit se placer sur le rack du parc à vélo. Il y a un côté où on a de la place, et un côté hyper restreint, entre le fossé et le rack justement. En fonction des vélos déjà installés, j’ai de la chance et me retrouve du côté où la place est grande. Je bois un dernier coup (détail qui a son importance. Il est 14h07) puis, combi enfilée (merci Arnaud Le Fou), je pars m’échauffer 20′ avant le départ.
Le départ devant être imminent, je me rapproche du SAS de départ mais on nous annonce que le coup de pétard est reculé de 15′. Arf, j’ai chaud et j’ai soif comme dirait Yohan.
Le départ sera donné 20′ plus tard en fait… Là, on se retrouve en mode cocotte-minute… Je sue, je sue (comme tout le monde je sais).
Pour m’occuper, je refais le monde avec Cédric
Caty, assis dans le sable et nous tentons de voir quels sont les costauds du jour. Mais en combi, bonnet, lunettes, difficile de distinguer qui que ce soit. Pas grave, je fais ma course et on verra. Une chose est certaine, Sir Cassez Pascal n’est pas présent. Ouf !
Florian Luquet, vainqueur des 4 dernières éditions manque également à l’appel. Comme dirait Patrick Montel : « Alors peut –être ? »
Le départ est enfin donné !!! Très vite, un concurrent se détache. Je n’essaie même pas d’accrocher tant ça nage vite… Armand Loiseaux n’évolue pas dans la même sphère que nous en natation… Alors je me retrouve tout seul en 2e position, impossible pour moi de me la jouer vieux briscard ( Nicolas Rigaux, ça ne fonctionne pas à tous les coups )
Je m’emmerde grave… Et dans ces moments, je pense… Et là, je pense que Marine doit galérer avec Socrate, que Gaspard doit faire des transitions sur la plage, et aussi que j’ai oublié de tondre la pelouse, que je devais envoyer un mail à la banquière, pis je pense aussi à Yo, qui ronge son frein actuellement, à Steve et à Jo aussi.
Une sortie à l’australienne me sort de ma léthargie au bout de 800m et c’est reparti pour un 2e tour seul au monde…
Ouf, enfin je sors de l’eau… 2e à 2 minutes tout pile…
J’ai hâte d’enfourcher mon vélo, et d’envoyer de la buchette comme à Carcans. Surprise quand je rentre au parc, mon vélo a été déplacé. La loterie initiale qui m’avait placée côté « grande place » m’a finalement décalé côté fossé…
Pas grave, demi-tour, transition moyenne, et je saute sur mon destrier.
Tête baissée, alors que j’enfile mes chaussures, j’omets complètement un dos d’âne et le prends « pleine balle » sans amortir du tout le choc. Sur le coup, même Pierre Ouvrard eut pris plus soin de son matériel…
J’évite la chute, je ne sais par quel miracle mais mon bidon n’a pas eu cette chance, éclaté au sol…
La tuile, ça fait déjà presque 1 heure que je n’ai pas bu, il fait 31 degrés, j’ai la gorge sèche et il va falloir que je roule 40 kms à bloc ??? J’espère qu’il y a un ravito en haut de la côte du Fou… Vu les conditions climatiques du jour, ça se tient. Mais l’urgence est de pouvoir dessécher ma gorge. J’essaie de saliver mais rien ne vient. Punaise quelle galère. Un rapide calcul me rappelle que s’il n’y a pas de ravito en haut du Fou, je ne boirai pas pendant plus de 2h, alors qu’il fait 31 degrés? What else ? Je repense alors aux mots que me répétait souvent Nicolas : “quand ça va, dis toi que ça ne vas pas durer, et quand ça ne va pas, dis toi que ça ne va pas durer non plus”…
Je pense à l’abandon, j’avoue, car c’est très inconfortable… Pis j’ai des places pour La Rochelle-Stade Français, mais faut quitter Poitiers avant 17h… Que faire ? Mon entreprise a 10% de chances de fonctionner… Mais imaginer Saint-pierre Bruno me chambrer une décennie entière me convainc de tenter le truc. La mailloche ou bien???
Une première idée loufoque me vient : ma trifonction est encore trempée, alors dans l’urgence, je lèche mes manches de trifonction… C’est pas terrible, l’eau de Saint-Cyr, mais ça me permet de saliver un peu et avoir la gorge moins sèche quelques instants, disons 2 minutes 😊 On est au 5e km, et je suis déjà passé en mode cuisson-vapeur- survie. Deuxième idée saugrenue: Je suis à 200m à vol d’oiseau de chez les Labille… En 5′ aller retour je peux aller chercher un bidon, mais je crois qu’ils sont partis à Roland-Garros, donc… On oublie.
J’attends avec impatience le haut de la côte du fou pour y trouver le ravito tant espéré.
Hélas, il va falloir faire sans… Je n’y trouve rien hormis 3 cyclotouristes qui nous encouragent. Je suis obligé de lever le pied… On est au 15e km, et je commence à avoir des frissons, la gorge sèche, et le moral dans les chaussettes… Je fais fi des écarts qu’on m’annonce. En fait, je m’en carre de tout, je tente juste de « survivre » et réduis encore la voilure et l’intensité… C’est frustrant et je m’en veux d’avoir loupé ce dos d’âne dont je connais pourtant très bien l’existence.
Fin du premier tour, je suis toujours 2e et on m’annonce 1’20 de retard sur Armand. Je tente de faire bonne figure dans la montée du golf mais je suis clairement atteint. J’essaie d’avoir l’attitude, au moins devant les spectateurs, mais … c’est feint (1ère recherche Julien😉). Manuel me rappelerait “Mou dans le dur et dur dans le mou”. Alors vas y pour mou dans le mou!
Le 2e tour sera un long calvaire où j’ai l’impression de faire la desertus bikus, sans mon camel-back. Ma gorge est plus sèche que le côté vert d’une éponge SPONTEX, et mes jambes plus molles qu’une chique (Julien c’est pour toi encore :-)). J’ai des frissons, et je me demande déjà comment je vais pouvoir courir… Néanmoins, en entrant dans le parc à vélo, on m’annonce à 50” d’Armand. L’écart a légèrement diminué.
Le départ à pied ne me laisse rien présager de bon. Pas de miracle, je suis cuit, les jambes ne répondent vraiment pas comme je le souhaiterai, et j’ai soifffffffffffff. Tu vois Baptiste quand je te saoule avec l’hydratation!
En plus, quand je quitte le parc à vélo, deux athlètes y rentrent à leur tour. Forcément… Je suis cerné.
Après quelques foulées sous le soleil, j’aperçois le ravitaillement tant espéré… Un mirage ? Toujours est-il que la vue d’un verre d’eau ne m’a jamais procuré autant d’excitation… Arrivé sur la table de la délivrance, je vide les gobelets, tel Morhad Amdouni aux JO de Tokyo. Premier moment de plaisir sur la course…
Je repars comme je peux, et on m’annonce 1’05 de retard…Bim j’ai perdu 15” en 1km mais je rentre enfin dans ma course. Je gère la cuisson, la déshydratation et vais tenter de ne pas ralentir sur les 4 tours qu’offre le parcours pédestre, ce sera déjà pas mal…
Premier demi-tour pour apprécier les écarts ( Armand est 250m devant et je suis 250m devant le 3e, Mickaël Schwitzgabel – Triathlon & Cyclisme).
Après 1 tour, j’aperçois enfin la grande silhouette d’Armand. Son allure a chuté et il semble également faire les frais de la chaleur et de son début de course tonitruant. Je le double vers le 3e km.
Mais je dois m’arrêter à tous les ravitos… sans avoir la certitude de repartir. Je sens que je suis dans le dur (c’est ça quand la cuisson est mal maîtrisée).
Alors on enclenche le rictus de la souffrance, menton en avant, tête en arrière, foulée rasante, je m’accroche à ce qu’il me reste : l’attitude, car visuellement, ça doit être un carnage.
Chaque passage devant les spectateurs me rebooste. J’entends Marine m’encourager,
Matthew Barramine me réclamer un sourire (sans déconner). Lors de mon 3e tour, un athlète me dépose littéralement. Mais oui, c’est Samuel!
Quelle classe il a, à pied. Je tente de le garder en visuel pour me fixer un objectif.
Arrive enfin le dernier tour. L’écart suffisamment important, me permet de me faire un 8e et ultime pit-stop au ravito (comme Ferrari, j’assume ma stratégie 😂) pour refroidir et réhydrater le bonhomme. J’ai bu 24 verres d’eau sur 10 kms:-)…
Ça fait gloup-gloup dans mon ventre (c’est pas une chanson de Priscillia ou Lorie hein) mais j’entrevois la ligne d’arrivée… J’entends la voie de Romain (les bons tuyaux, toujours au courant de tout le coquin) qui semble être le seul que la chaleur n’accable pas, toujours aussi dynamique!
Je vais gagner le triathlon de la Vienne, 25 après mon premier triathlon ici… Il aura fallu attendre ma première année en vétéran pour le cocher celui-là, dans la douleur.
J’ai plus grand-chose dans les cannes, mais je franchis enfin cette ligne d’arrivée… explosé. Je ne vois même pas la banderole que je coupe avec mes jambes 🙂, saut de cabris, (saut de la biche) oblige! Merci Fred
Je vais louper La Rochelle-Stade Français 😊 (c’est Arthur qui aura la chance d’y aller) mais j’ai la satisfaction d’avoir été chercher quelque chose de profond tant j’ai poussé mon inconfort très loin et surtout j’ai la fierté d’avoir remporté la course devant ma femme, mes enfants, mes parents. Je sais que j’aurai le droit de me ré-hydrater à l’apéro d’après course! Hein Marine?
Descendant 42 verres d’eau au ravito d’arrivée, je constate que presque tous les finishers ont des regards hébétés, chacun ayant poussé « sa »machine semble-t-il. Bravo à tous d’avoir relié cette finish-line.
La chance aide parfois, le travail toujours.
Cette victoire me permet de mettre en avant les partenaires qui m’accompagnent fidèlement depuis plusieurs années, et je les en remercie à nouveau.